Les rêves peuvent-ils devenir des oeuvres d’art? Une réflexion à partir de la science-fiction
Résumé
Je mène actuellement une réflexion sur les modalités et conséquences possibles, en particulier pour l’art et pour la science, d’une extension technologique de notre champ perceptif, et plus largement de nos expériences subjectives. J’ai ainsi déjà eu l’occasion de réfléchir aux moyens d’imaginer et de reconnaître l’« autrui totalement autre », ou encore de défendre l’idée d’une exploration de l’« aisthésis extrahumaine ». Je me propose ici d’approfondir un aspect de cette réflexion, en examinant les conséquences spéculatives qui pourraient émerger de la possibilité d’enregistrer directement les rêves en vue de leur diffusion auprès du public. À quelles conditions ces rêves pourraient-ils être considérés comme des œuvres d’art ? En quoi se distingueraient-ils des produits de l’industrie contemporaine du divertissement (films, jeux vidéos, etc.), dont le statut d’œuvre d’art est lui-même problématique ? Y aurait-il des enjeux éthiques spécifiques attachés à une telle diffusion artistique des rêves ? Conformément à la méthode développée dans ma thèse, le genre de la science-fiction servira de point de départ à ma réflexion, les récits sur lesquels je prévois de m’appuyer étant les suivants : « Les Fournisseurs de rêves » (1955) d’Isaac Asimov, Jacinthes (1982) de Chelsea Quinn Yarbro, et L’Arbre à rêves (1982) de James Morrow. Bibliographie ASIMOV Isaac, « Les Fournisseurs de rêves » (« Dreaming is a private thing », 1955), trad. DURAND Roger, Fiction n°37, Paris : Opta, déc. 1956. MORROW James, L’Arbre à rêves (1984), trad. CARISSIMO Luc, Paris : La Découverte « Fictions », 1986. YARBRO Chelsea Quinn, Jacinthes (1982), trad. FARGEOT Claire, Paris : Denoël « Présence du futur », 1983.